Fondée et dirigée par Martina A. Catella, ethnomusicologue, pianiste, chanteuse, auteure de films, disques, directrice artistique du label Accords Croisés/Harmonia Mundi, conceptrice de nombreuses créations contemporaines inspirées de grandes traditions vocales et spécialiste des techniques de socialisation à travers le chant et la danse, l’école des Glotte-Trotters propose donc une approche originale, unique et complète pour découvrir et enrichir sa voix.
Si l’association les Glotte-trotters continue à porter un nom peu sérieux auquel tous les anciens sont attachés, elle opère un travail suffisamment pointu et original pour que les institutions de formation professionnelle, les professionnels de la voix, des artistes mondialement reconnus, des individus désireux d’accorder leur voix à leur personnalité ou des « chasseurs de voix » lui accordent un grand crédit et la sollicitent constamment.
« Mieux communiquer une intention vers un destinataire sous la forme d’un geste, d’une parole ou d’un chant, avec le plus de sincérité, de finesse et de liberté possibles », tel est l’engagement des Glotte-Trotters.
Loin de se limiter à un cours de technique vocale, l’approche développée par Martina A. Catella se caractérise par un travail individualisé de construction ou de reconstruction de la personnalité corporelle, émotionnelle et vocale, visant au développement harmonieux de toute expression, qu’elle soit parlée, chantée, jouée.
Les formations et cours dispensés par l’équipe pédagogique s’adressent aussi bien à des amateurs désireux de chanter, à des artistes, chanteurs, musiciens, comédiens, en quête d’un enrichissement de leur identité vocale ou à quiconque souhaite mener un travail sur sa qualité d’expression et de communication, dans un cadre professionnel ou personnel.
S’appuyant sur les travaux de Roger Sperry, prix Nobel portant sur la manière dont est perçu un message sur l’ensemble de la planète, et sur 25 ans de recherches personnelles en anthropologie musicale et sociale, en pédagogie du chant, en phoniatrie, en linguistique et en acoustique, Martina A. Catella et son équipe proposent une méthode inédite et complète fondée sur une approche associant un développement corporel et vocal indispensables à l’expression harmonieuse de tout son parlé ou chanté. « 48 % d’un message s’exprimant grâce au langage du corps et 45 % grâce à l’intonation, le sens du mot n’excédant pas 7%, notre travail consiste à redonner à la parole sa dimension musicale et au geste son potentiel chorégraphique ».
Chez les Glotte-Trotters, on ne part pas d’un style en contraignant une voix à s’y plier. On apprend, comme un artisan, à faire de son corps un instrument capable de véhiculer pensées, intentions et expressions avec un maximum d’efficacité, de sincérité, de respect de soi et des autres. Ce “voyage de soi à soi en passant par le monde” consiste à mettre en regard des régions corporelles impliquées dans la phonation (plancher pelvien, pharynx, occiput, voûte du crâne, palais dur, sinus…) avec des régions culturelles qui les privilégient.
Le travail du plancher pelvien sera l’occasion d’emprunter aux jeux vocaux inuits, celui des sinus faciaux aux chants tsiganes, la voûte du crâne aux chants mongols, la « voix du ventre » au chant populaire italien, la prospection du pharynx et de ses graves ouvrira par exemple sur le gospel ou le fado, celle de l’occiput sur le chant corse etc. Cette ré-appropriation du souffle, des régions corporelles, au service de l’identité vocale de chacun, participe d’un mouvement doublement profitable : la découverte de soi et l’ouverture au monde.
Les Glotte-Trotters abordant autant qu’il est possible les questions relatives au corps, ils privilégient l’expression vocale en mettant l’accent sur « l’empreinte vocale unique» de chacun et sa canalisation dans des expressions verbales et musicales issues d’ époques et de cultures variées. Les GT sont donc un lieu où « éthique, techniques et esthétiques » de toutes les expressions vocales du monde réunissent des gens, de plus en plus nombreux, qui considèrent le chant comme un vecteur privilégié de la parole : enfants ou adultes désireux de s’ouvrir à eux-mêmes et autres, professionnels de la voix, chercheurs, pédagogues, vocalistes, musiciens aux multiples origines. Reprenant le credo des sociétés traditionnelles qui considèrent qu’un être musical est un être social parce qu’il sait gérer son souffle, donc sa pensée, canaliser ses émotions, les styliser dans la parole ou le chant, écouter, mémoriser, transmettre… tandis qu’un être non musical est potentiellement problématique, les Glotte-Trotters permettent à ceux qui viennent les voir de construire, reconstruire ou enrichir ce « corps musical » qui leur permet de « faire entendre » ce qu’ils ont à dire grâce à une approche holistique du travail vocal. La formation occupe en conséquence une place importante parce que si l’air qui devait traverser notre corps librement pour devenir parole et chant reste entravé par des nœuds musculaires ou nerveux déclenchés par le doute, le geste vocal n’atteint pas son objectif. Pour obtenir l’aisance nécessaire à une phonation libre, les GT insistent donc sur la réappropriation de son corps qui pourra devenir l’instrument privilégié de sa pensée.
Chez les GT, on réapprend comme un artisan les outils de la phonation et les gestes principaux qui permettent de les utiliser sans les casser. Puis, on les affine pour en jouer sans limitation en ouvrant sur le monde.Ainsi, pour mieux connaître sa géographie anatomique, on s’arrêtera sur chaque région corporelle sollicitée par la phonation pour la construire puis on débouche sur une région culturelle qui l’utilise plus particulièrement ou l’évite en analysant le pourquoi social ou religieux qui entoure ce choix. Le plancher pelvien, essentiel à la maîtrise du souffle sera l’occasion d’un détour par les Katajjaqs, jeux vocaux des Inuit du Canada destinés entre autres à intégrer les techniques de l’accouchement.
La prospection du pharynx et de ses graves ouvrira par exemple sur le gospel ou le fado, celle de l’occiput sur le chant corse, le palais dur et la voûte du crâne sur les harmoniques mongols, les sinus sur le chant tzigane ou hindoustani etc. Chacun ramènera de ce voyage « à l’intérieur de son corps et autour du monde » une affection particulière pour une région culturelle et se dirigera vers le style de son choix pour y véhiculer le contenu qu’il désire.